© Bouygues Immobilier
LE BLOG : Yannis, vous avez récemment été amené à travailler sur une publicité pour Bouygues Immobilier. Quel était le contexte ?
YANNIS : A l’approche de la Coupe du Monde de football, je m’attendais à ce qu’on me sollicite pour trouver des extraits de matchs de football. Quoi de mieux qu’un grand évènement sportif pour vendre des téléviseurs, ou pour vanter la puissance de la fibre. Mais là, il s’agissait bien d’une pub Bouygues Immobilier et non de Bouygues Telecom. Elle ne s’inscrivait pas dans le contexte sportif.
LE BLOG : Alors pourquoi vous a-t-on demandé de chercher du football, et non pas un film, une émission, ou même un autre sport ?
YANNIS : Pour que la publicité fonctionne, il faut que le désir des personnages soit plus fort qu’eux, mais suffisamment honteux pour être assouvi en cachette. D’où le prétexte de prêter un marteau au voisin.
Aujourd’hui seul le sport donne encore un rendez-vous télévisuel, alors que tout le reste peut se regarder en différé. Et quoi de plus évident que le foot ? C’est le sport le plus fédérateur, et en même temps le sport qu’on n’assume pas toujours de regarder…
LE BLOG : Et vous, vous assumez ?
YANNIS : Pas tout à fait ! Tout le monde sait que j’aime et regarde du foot, mais rares sont ceux qui savent à quel point…
LE BLOG : Revenons à la recherche en elle-même. Quel était le brief ?
YANNIS : L’entrée des joueurs sur le terrain, une phase de jeu « standard », et un but. Des images « Libres de Droits », pour avoir des prix bas, et pour ne pas avoir à renouveler les droits si l’exploitation était prolongée. Et comme souvent en publicité, c’était très pressé. Le hic, c’est que pour ce type d’extraits rien n’est Libre de Droits. Et puis si des droits sont à négocier, des délais sont à prévoir.
LE BLOG : Quels sont les droits en question ?
YANNIS : Toutes les compétitions et équipes professionnelles sont commercialement liées à des sponsors et partenaires, le conflit d’intérêts est donc hautement probable. Ce à quoi vous ajoutez les droits d’images des joueurs identifiables. Pour rappel, le droit d’image est une question de vie privée : tout le monde a un droit de regard sur l’utilisation faite de son image, même quelqu’un dans l’exercice de sa fonction, même une personnalité publique. Sans compter que les sportifs les plus célèbres ont eux aussi une armée de sponsors : là aussi il peut y avoir conflit d’intérêts…
LE BLOG : Que faire pour limiter les coûts de ces droits?
YANNIS : Eviter les compétitions et équipes prestigieuses, et ne prendre que des vues larges, pour qu’aucun joueur ne sorte du lot. Pour Bouygues Immobilier j’ai sollicité un club de Ligue 1 pour des images d’un match de Ligue 1. Il m’a répondu rapidement et proposé un tarif compétitif. Les conditions étaient claires : aucun joueur ne devait être identifiable, effacer tous les logos et enseignes de sponsor en bord de terrain, et leur soumettre la version finale de la publicité pour validation.
LE BLOG : Pourquoi ne pas avoir visé encore moins cher, comme une compétition amateur, ou bien un match de troisième division d’un championnat de seconde zone ?
YANNIS : Tout simplement parce que ces matchs-là ne sont pas retransmis à la télévision, je n’aurais donc aucune image à proposer à mon client ! De plus je n’avais aucune visibilité sur les délais de réponse. Et puis une dernière chose : pensez-vous qu’il y ait beaucoup de clubs de troisième division avec de grands stades pleins à craquer et une ambiance de folie ? Bien sûr que non. En terme d’image, ça n’avait plus aucune crédibilité !
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