L’intégration croissante de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine de la création visuelle est une véritable révolution qui suscite de nombreuses discussions parmi les professionnels de la recherche audiovisuelle. Les IA sont maintenant capables de générer des visuels captivants, troublants et confondants, soulevant des questions inévitables quant à l’impact de cette technologie sur le rôle des recherchistes. Différentes perspectives se croisent.
Comment les IA peuvent influencer le travail des recherchistes audiovisuels ? Quid de leur rôle vital dans le processus de découverte et la vérification de contenus existants ainsi que de droits d’auteur ?
L’IA et notre mémoire audiovisuelle
La rapide évolution de l’IA a conduit à l’émergence de réseaux de neurones profonds capables de produire des visuels réalistes. Une création rendue possible par un scan immense et incroyable de toute la mémoire d’internet, des choses publiées, accessibles après des tentatives et tests successifs réalisés par ses créateurs. Les algorithmes de l’IA peuvent ainsi générer des images et des vidéos en se basant sur des descriptions textuelles, des demandes que nous lui aurions écrites. Cependant, cette avancée soulève des inquiétudes quant à l’authenticité et à l’intégrité des contenus ainsi créés.
L’expertise humaine du recherchiste dans la découverte et vérification du contenu
Les recherchistes audiovisuels sont experts dans la recherche et la vérification de contenus existants. Leur rôle consiste à repérer et identifier des visuels pertinents tout en vérifiant la validité des sources et les droits d’auteur. Contrairement aux IA, les recherchistes possèdent la sensibilité nécessaire pour distinguer l’origine et l’authenticité des contenus. Même si de nos jours, l’intelligence artificielle est capable d’imiter à la perfection les sentiments humains, il est agréable de savoir et d’être convaincu, qu’elle ne pourra se substituer à une vérification personnelle auprès des sources et des ayants-droit. Un savoir-faire que les recherchistes développent et entretiennent et qui demande des qualités et compétences interpersonnelles.
Un soutien pour l’indexation et l’optimisation de la recherche
Plutôt que de percevoir l’IA comme une menace, les recherchistes audiovisuels pourraient la considérer comme un outil. Une ressource pour l’indexation et la gestion des contenus existants. Les IA sont capables d’analyser d’énormes ensembles de données visuelles afin de repérer des schémas et des tendances. Les recherchistes pourraient utiliser ces analyses pour accélérer la recherche de contenus pertinents au sein d’archives vastes.
De même la technologie de l’IA pourrait permettre une recherche optimisée avec une détection des contenus accrue, par le biais audio (timbre et grain de la voix, phrases prononcées), visuel (détection faciale, éléments de décors) ou bien textuel.
Questions éthiques, responsabilité et droits d’auteur
L’utilisation de l’IA pour générer des contenus visuels soulève des questions éthiques et légales, notamment en ce qui concerne les droits d’auteur. Il est crucial que les recherchistes, accompagnés de juristes, continuent de jouer leur rôle en vérifiant la validité des sources et les droits de propriété intellectuelle. Les IA ne peuvent pas remplacer cette vigilance humaine.
Se pose évidemment la question du droit d’auteur lorsqu’en apparence, la création a été rendue possible par le biais de l’IA. Qui est auteur, producteur ? Quid de l’utilisateur ?
Certains souhaitent rapprocher le créateur de l’algorithme de l’auteur tandis que la personne qui utiliserait l’IA pour générer le contenu serait producteur. Mais cela est finalement erroné et bien plus complexe étant donné que tout contenu généré par l’IA sera de fait généré également par l’ensemble de l’Internet scanné. Il s’agirait alors plutôt de donner les armes à tous les créateurs dont l’œuvre risque d’être utilisée et remâchée par l’IA de pouvoir faire valoir leur droit.
Également, une mention ou un label posé sur toute œuvre générée par l’IA serait fortement apprécié pour empêcher l’utilisation d’un matériel sans rigueur et justesse historique ou sémantique.
Une collaboration équilibrée pour l’avenir
Au lieu d’opposer l’IA aux recherchistes audiovisuels, une collaboration équilibrée peut être envisagée. Les IA pourraient être un outil complémentaire, un facilitateur, tandis que les recherchistes maintiendraient leur rôle crucial dans la vérification de l’authenticité et des droits d’auteur. L’expertise humaine dans la recherche, la vérification et la protection des droits d’auteur reste irremplaçable. En collaborant de manière équilibrée avec les IA, les recherchistes audiovisuels peuvent continuer à jouer un rôle fondamental dans la préservation et la valorisation du contenu visuel existant.
Crédits photo : StockFilm/Pond5