Menacés par l’intelligence artificielle générative, les comédiens de doublage français ont lancé le 10 janvier 2024 la pétition « #TouchePasMaVF ».  

Face au développement de logiciels permettant notamment de cloner des voix et traduire des vidéos en différentes langues, ces professionnels craignent que ces outils remplacent leur travail. Dans ce contexte, ils appellent à légiférer afin de protéger leur métier. Quel est le cadre actuel relatif à la voix en France ?

La voix, une donnée personnelle

La voix bénéficie d’un encadrement juridique. Au même titre que l’image d’un individu, elle est protégée en tant qu’attribut de la personnalité par le droit au respect de la privée. Puisqu’il s’agit d’une information se rapportant à une personne physique identifiée et identifiable, elle constitue aussi une donnée personnelle et son utilisation est donc soumise au RGPD. Sous certaines conditions, la voix peut également être protégée par le droit de la propriété intellectuelle, et plus précisément par les droits voisins, si elle est qualifiée d’interprétation.

Au sein d’un projet créatif (audiovisuel et/ou podcast notamment), si des voix-off, des voix d’acteurs, de doubleurs, d’artistes-interprètes d’une musique synchronisée[1] sont entendues, il faudra demander l’autorisation à l’ayant droit.

L’utilisation de l’intelligence artificielle générative nécessite de doubler de vigilance. En effet les conditions générales des outils utilisés doivent correspondre à l’exploitation de la voix souhaitée. De plus, une voix générée qui serait soit existante ou très proche d’une autre voix, nécessitera l’accord de l’ayant droit.

OpenAi vs Hollywood

Cela a d’ores et déjà donné lieu à une affaire opposant Scarlett Johansson au fondateur de OpenAI, éditeur de ChatGPT. Ce dernier a été accusé d’avoir cloné la voix de l’actrice pour chatGPT4o qui est un outil permettant à l’utilisateur de converser avec une voix générée par logiciel à la façon du film « Her ».

En faisant appel au Chaînon Manquant, nous pourrons vous aider à identifier, contacter et négocier les accords des ayants droit des voix utilisées dans vos projets.


[1] La synchronisation consiste en l’apposition d’une musique au sein d’un support visuel.  

Crédit photo : Unsplash / Yassine Ait Tahit