Le 27 mars est sorti sur Netflix la dernière série des studios Newen, De rockstar à tueur : le cas Cantat. Une série en trois épisodes qui retrace l’histoire du féminicide de Marie Trintignant, perpétré par son compagnon d’alors, Bertrand Cantat et met en lumière son tempérament violent, dont sera également victime son ex-femme Krisztina Rady avant de se suicider. A grand renfort d’archives, cette œuvre nécessaire nous montre il y a 20 ans une société pre-MeToo pour laquelle le terme de féminicide n’était même pas pensable, entre ignorance et complaisance publique avec pour totem le crime passionnel.  

Au Chaînon nous avons réalisé durant 4 ans la recherche de ces précieuses archives, la clearance des droits ainsi que la négociation pour récupérer le meilleur matériel possible et raconter cette histoire. Une aventure de longue haleine aux côtés des producteur.rices,  réalisateur.rices et monteur.ses. Le rôle de recherchiste pour ce type de projet est crucial et pourtant encore grandement méconnu.

Le.la recherchiste est en charge de :
– La recherche des éléments d’archives (photos, vidéos, documents…) demandés par le réalisateur pour être utilisés dans la narration.
– La recherche des ayants-droit de ces éléments d’archives ou d’éléments trouvés de-ci de-là sans origine apparente.
– Du contact avec les sources d’archives pour la demande des conditions d’utilisations (le respect de tous les droits et licences) et des meilleurs tarifs.
– De la négociation si besoin auprès des sources pour que la production bénéficie de la meilleure option.
– De la récupération de ces fichiers dans la meilleure qualité possible en lien avec le monteur.se.

Ainsi le.la recherchiste a un poids et un rôle dans le résultat éditorial d’un documentaire. En fonction de ces trouvailles et de ce qu’il.elle peut parfois faire découvrir au réalisateur.rice. A la fin du processus, ses compétences auront été des éléments clé dans l’usage paisible des éléments d’archives nécessaires au documentaire.

✍️ 🔎 Voici les éléments importants à partager en début de projet à votre recherchiste :

➡️ Fournissez un brief clair, stable et précis à votre équipe de recherche dès le début du projet ainsi qu’une timeline des évènements de votre récit.

➡️ Le périmètre de droits demandé sera décisif dans la réception des éléments d’archives et des conditions de leur obtention. Il est important que toutes les parties prenantes du projet aient la même compréhension de ce périmètre.

➡️ Il est également important de préciser à votre recherchiste si les éléments seront utilisés plusieurs fois et de quelle manière dans la production. Dans le cas d’une série, si vous souhaitez utiliser un élément dans plusieurs épisodes ou au générique, il faudra en informer l’équipe de recherche et clearance de droits.

➡️ Si votre enquête et votre montage s’étalent dans le temps, gardez en tête que les tarifs et conditions d’usage des archives peuvent changer. L’offre initiale des sources d’archives peut se voir modifiée lorsque vous reviendrez vers elles. 

➡️ Si le sujet de votre projet est sensible, n’hésitez pas à fournir à votre recherchiste des accords de confidentialité qu’il pourra faire signer à tout ayant-droit ou source d’archives. Cela facilitera les recherches et la négociation des éléments et créera un climat de confiance pour toutes les parties. 

➡️ La mention du recherchiste à la recherche des archives et leur clearance est également appréciée dans les crédits de fin ☺️ !

✍️ ⚖️ Voici également quelques conseils juridiques :

➡️ Assurez-vous que votre projet ne nuira pas au bon déroulement du procès et de l’enquête (notamment au droit au respect du secret de l’enquête et l’instruction), qu’il évitera les risques liés à la divulgation d’informations des personnes impliquées dans l’affaire (notamment droit au respect de la vie privée) ou qu’il ne s’agira pas de diffamation.

➡️ N’hésitez pas à faire appel à un avocat (possible via Le Chaînon Manquant) pour un rapport exhaustif des problématiques juridiques liées à un True Crime.

🎞️ On se quitte sur quelques mots de Marie Paoli, qui a conduit la recherche d’archives sur ce projet :

Je suis fière d’avoir participé à ce projet. Le sujet me touche profondément. Je n’avais pas d’opinion tout à fait affirmée avant de m’y plonger, mais il m’a permis de me positionner, de me politiser. C’est toute la beauté des films et des documentaires : ils nous offrent un regard différent, nous bousculent, nous transforment.